mardi 9 avril 2013

Le marseillais de l'espaaaaaaace !

Comme je ne sais plus trop quoi vous raconter, j'ai décidé de vous narrer une anecdote de mon passé, en espérant qu'elle saura vous divertir. J'étais assis sur le parvis de la cathédrale Saint-Jean à Lyon, en compagnie de ma charmante amie Carine (en 1993 ou 1994, je dirais). Soudain, nous vîmes venir à nous un bien curieux personnage. Si sa démarche titubante pouvait être qualifiée de "chaloupée", son haleine évoquait pourtant plus les entrailles d'un supertanker échoué sur les plages de Bretagne qu'une embarcation légère...
La barrique à deux pattes se planta devant nous, mains sur les hanches, et se mit à nous débiter son histoire personnelle, comme si la chose méritait d'être entendue (ce qui était pourtant loin d'être le cas...).
"J'ai roulé touteu la nuit depuis Marseiiilleuuu...", commença-t-il d'un ton hésitant, les yeux chiasseux (chassieux, vous dites... ? Ben les deux, en fait !), avec un accent du Sud à bouter les Anglais hors de France. S'ensuivit (outre un nombre considérable d'anecdotes décousues et sans intérêt) la liste des alcools qu'il avait ingurgités avant, pendant et après son voyage, ce qui acheva de nous convaincre que, outre un piètre orateur, l'importun s'avérait être un parfait connard irresponsable.
Puis, il entama (bien malgré nous, qui ne savions pas comment nous sortir de ce mauvais pas) un discours plus merdique encore : "Moi, ce queu j'aimeu dans la vie, c'est les calibreu !", me dit-il (enfin je crois qu'il me parlait, dans la mesure où au moins l'un de ses yeux était pointé dans ma direction par intermittence). "Ouais, parfaiteument : moi, ce que j'aimeu, c'est faireu parler les calibreu !"
Ne sachant trop quoi répondre, je tentai : "Et ce n'est pas un peu limité comme dialogue ?"
Il loucha sur mon visage et se recula brusquement, comme si je venais de le frapper. Sa face avinée déformée par un effroi presque religieux, il me pointa du doigt (plus ou moins) et souffla : "Toi, tu es trop fort pour moi !", et s'en retourna brusquement à sa médiocrité quotidienne.
Carine et moi-même échangeâmes un regard. "T'as compris ce qui vient de se passer, là ?", demandai-je enfin après un long silence.
"Non."
Des années plus tard, il m'arrive encore de m'éveiller la nuit en hurlant, taraudé par cette unique question : qu'a-t-il bien pu comprendre ??? Quel sens oculte ma réplique bien innocente a-t-elle pu prendre à travers le voile de sa soulographie ? Mystère... 

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