dimanche 29 décembre 2013

Rencontres ferroviaires

Sur le chemin d'une formation professionnelle à Troyes, je prends une correspondance à Paris et cherche ma place 56. J'ouvre la porte d'un compartiment à 8 places : vide. Enfin, vide à l'exception d'un géant à large chapeau bleu. Hagrid d'Harry Potter avec le couvre-chef de Gandalf ! Ajoutez une chemise de bûcheron, une barbe courte et de petites lunettes noires et vous aurez une image assez convaincante. Je cherche des yeux le n°56 et je constate qu'il disparaît aux trois-quarts sous la cuisse imposante de l'occupant du siège 57... je décide de sourire et de lancer : "Normalement, je devrais m'assoir là...", dis-je en désignant le quart de siège restant, "... mais bon, comme il n'y a pas foule, je ne vais pas me coller tout de suite, hein ?"
Là, pour les connaisseurs, le mec me lance un regard à la Miyazaki, vous voyez ? Avec juste un oeil  qui se déplace sur son visage marmoréen. Il pousse un grognement bref, dans lequel je vois (dans lequel je désire voir) un assentiment.
Quelques kilomètres plus loin, une mère et son fils montent devant nous. La jeune femme finit par se pencher vers le géant : "Excusez-moi mais... vous n'étiez pas dans ce même train, lundi ?", lui demande-t-elle.
"Non...", répond-il placidement.
"Vous êtes sûr ?", insiste-t-elle.
"Oui. Je ne prends jamais le train le lundi."
Et là, elle a cette phrase fantastique, la plus improbable des réponses dans ce contexte : "Ah. J'ai du confondre..."
Mes sourcils se haussent, ma mâchoire s'abaisse : confondre ?! Comment ça confondre ? Le mec fait deux mètres, 140 kilos, porte un chapeau bleu et les lunettes de Keanu Reeves dans Matrix et elle pense l'avoir confondu ?! Le géant et moi échangeons d'ailleurs un regard surpris : il n'en revient pas non plus, Hagrid ! Lui qui se croyait à l'abri de toute confusion, le voilà brusquement confronté à l'anonymat, à l'invisibilité encourue par le commun des mortels !
Bon, après enquête, il s'est avéré que ce n'était pas lui qu'elle avait confondu, mais le jour où elle l'avait aperçu dans le train : c'était mardi, en fait... 

lundi 16 décembre 2013

Une pensée en passant...

L'inspiration est un processus curieux... 
on se retrouve parfois, presque à son corps défendant, avec une idée incongrue dans la tête, tombée d'on ne sait où, qui fait germer les prémices d'un début d'autre chose... je ne crois pas que ce sera le cas de la pensée de ce matin, dans la mesure où elle constitue un tout en soi. 
La voici.

"Si mon voisin de 80 balais se montre irascible, est-ce que cela fait forcément de lui un octo-vénère ?"

mercredi 20 novembre 2013

De retour du salon Fantasy 2013

Comme à chaque fois, cette édition a été le théâtre de rencontres enrichissantes et inattendues : de vieux camarades des vertes années lyonnaises où je pratiquais l'escrime médiévale, des visiteurs intéressés, des monstres et des guerriers et, bien entendu, le sympathique personnel encadrant du salon.
La présence de Sire Cédric (la "moovie star" de l'édition 2013) a par ailleurs su attirer les promeneurs jusqu'à la ferme du Joug-Dieu, l'écrin magnifique dans lequel le salon est organisé.
Petit bémol cependant cette fois-ci : une table ronde fantôme à laquelle j'avais été convié (sur le thème "Initiation et Fantasy") et qui est finalement passée à la trappe... Même s'il est vrai qu'une table ronde fantôme cadre finalement assez bien avec le contexte fantastique, je dois dire que la chose laisse comme un goût d'inachevé...
D'autant que j'avais pris sur mon "temps libre" (concept douteux lorsque l'on a la joie d'avoir un fils de 11 mois) pour potasser le sujet... mais bon, rien de grave et plein de bons souvenirs ! 
Voici quelques images (merci Nathalie)^^

 Votre serviteur, en compagnie de Ludivine, mon agent littéraire, avec laquelle je viens de débuter une collaboration que nous espérons tous deux fructueuse ;



Un bon vieux loup-garou des familles, qui a fait la joie et la terreur des enfants du salon ;



Ma fée et mon lutin rien qu'à moi :)



Une damoiselle pas du tout en détresse ^^ ;

lundi 11 novembre 2013

Comment voyager avec un saumon...

Non, je n'ai pas de nouveau mis les doigts dans une prise électrique^^
Ce titre étonnant n'est pas de moi, mais bien du célèbre Umberto Eco. "Comment voyager avec un saumon" est un curieux ensemble de récits personnels, de pensées décalées et de critiques sociales qui, bien de qualité inégale, atteignent parfois des sommets dignes des meilleurs textes de Desproges.
J'en veux pour preuve le passage qui suit, dans lequel l'auteur feint de vanter les mérites de gadgets insolites, le tout dans un humour noir sculpté au vitriol, d'un mauvais goût exquis : tout ce que j'aime, en somme. Je vous laisse apprécier.
 
"Vous le savez, pour éliminer leur cholestérol, les Américains font du jogging, c'est-à-dire qu'ils courent pendant des heures jusqu'à s'écrouler raides morts d'un infarctus. Pulse Trainer (59$95) se met au poignet, et un fil le relie à un petit capuchon de caoutchouc qu'on enfile au bout de l'index. Lorsque votre système cardio-vasculaire est au bord du collapsus, une alarme retentit. C'est un beau progrès si l'on songe que, dans les pays sous-développés, on s'arrête simplement quand on est hors d'haleine - un paramètre bien primitif qui explique sans doute pourquoi les enfants du Ghana ne font pas de jogging. Le plus étonnant, c'est qu'en dépit d'une telle négligence, ils n'aient pas une once de cholestérol."

samedi 9 novembre 2013

Paul et Mike...

Non, ce n'est pas le titre du dernier film assurant la promotion de l'amour entre cowboys, mais bien le mot incontournable du moment dans nos journaux télévisés : impossible de regarder les infos sans l'entendre encore et encore, à la manière d'une ponctuation entre rien et pas grand chose...
Or, "polémique" est un terme rien moins que léger : "polémos", en grec, c'est tout de même la guerre ! Les égarements inconsistants de la classe politique, les gesticulations creuses des people de synthèse ("allo, nan mais allo, quoi !") méritent-ils vraiment une telle intensité lexicale ? Pas sûr...

mercredi 30 octobre 2013

brève de dédicace : suite

Un monsieur vint à moi un jour (il me semble que c'était au Cultura de Givors), du genre "col roulé intello tendance ingénieur informaticien", et m'interrogea sur la nature d' "une ombre plus noire que la nuit". Une fois renseigné, il hocha la tête d'un air circonspect et me lâcha : "Oui, bon, mais moi je n'ai pas payé une fortune pour avoir un PC d'à peine un kilo pour me trimbaler un pavé pareil !", dit-il tout en agitant le pavé en question.
Je lui tendis ma carte de visite en lui disant : "Voici qui devrait mieux convenir à vos attentes..."
 

lundi 7 octobre 2013

actualité :)



Je vais avoir de nouveau cette année le plaisir de participer au Salon Fantasy de Crêches-sur-Saône : des rencontres passionnantes, des animations hautes en couleur, des tables rondes fascinantes (et je ne dis pa cela uniquement parce que j'y participe^^) et j'en passe ! Un rendez-vous à ne pas manquer, même si la météo est contre nous : c'est couvert :)

dimanche 25 août 2013

Do you parle franglais ?

      Pourquoi cédons-nous si facilement aux anglicismes ? Car il s'agit bien de facilité : si l'on doit reconnaître une qualité à l'anglais, c'est bien d'être pratique. Mais devons-nous pour autant nous en contenter ? Un exemple ? Volontiers. Deux, même ! 
      Pourquoi s'en tenir à "sexy" (terme suffisamment vague pour écraser toutes les nuances qui vont de la petite robe échancrée à la lingerie à clous des soirées masochistes) alors que nous disposons de mots aussi pertinents que "affriolante", "provoquante", "suggestive" et j'en passe, qui permettent d'introduire tant de nuances et de subtilité dans la description ?
      Il en va de même pour le mot "stress", contre lequel je rentre en croisade : il est partout, sans cesse, se propageant à la manière d'un virus tueur de nuances. Ecoutez, autour de vous, la façon dont il envahit le lexique, écrasant toute la richesse de notre idiome ! Aux armes, citoyens, ! Faisons l'effort d'aller chercher le fond de notre pensée : angoissé, sous pression, sur les nerfs, anxieux, oppressé, irrité, énervé, etc. Rien de très réjouissant, certes, mais tellement plus de sens, tellement plus de justesse dans l'expression de notre intériorité. 

samedi 29 juin 2013

Pour continuer la série des rappels...^^


 Que diriez-vous d'un roman policier, aussi fantastique que déjanté comme "Sioux later" ? Téléchargeable sur Kindle ou sur votre pc après installation d'un petit logiciel gratuit et tout simple à installer. Merci d'avance et bonne rigolade !

"L’un est aussi mystique qu’un kilo de plomb, l’autre moins terre-à-terre qu’un bonze shooté aux amphets. Rien ne prédestinait Scot O’Connel, le flic d’origine irlandaise et Avril J. Tucker, l’ethnologue d’ascendance Cherokee à se rencontrer un jour.
Rien, hormis les facéties du destin, précisément.
...
Et voilà que des meurtres atroces, une enquête complexe et une réalité flageolante leur tombent dessus à bras raccourcis. A mesure que les cadavres atrocement mutilés s’amoncèlent comme autant de puzzles sanglants, l’étau se resserre autour des deux hommes, en un piège mortel qui pourrait bien conduire à l’apocalypse.
Une seule chose les réunit : la ferme intention de faire payer les vrais coupables, quittes à distribuer des mandales et plus si affinités (des pêches, des marrons et même des pruneaux, si nécessaire).
Vaudrait mieux, car les gars d’en face ne sont pas vraiment venus pour leur chanter des cantiques…"


vendredi 28 juin 2013

Un petit rappel^^

Ce blog a pour but de vous faire connaître l'univers d'Aeviris, dans lequel se déroule Une ombre plus noire que la nuit, que j'ai publié aux éditions Thélès en Septembre 2010.


L'histoire en deux mots : Au coeur d'Aposphir, la plus ancienne nation civilisée d'Aeviris, dans un monde où même les éléments sont instables, un garçon se bat pour garder la vie. Il n'est rien, ni personne : ne reste en lui que l'aspiration à devenir quelqu'un, la volonté farouche d'être un jour Soren Dajymo. Et pour cela, il doit lutter. Contre des créatures mystérieuses, contre les barbares, contre l'énigmatique voleur de Shankra, contre les affres de l'amour, mais aussi et peut-être surtout contre lui-même : parmi les rangs des moines guerriers de Maïpen, il lui faudra déployer toutes les ressources de son intelligence pour déjouer les noirs complots qui bruissent dans les ténèbres du monastère...

J'ai eu le plaisir de recevoir pour ce livre le prix 2012 de la Vague des Livres en Beaujolais, au salon du livre de Villefranche-sur-Saône de la même année.



samedi 8 juin 2013

Les phrases magiques...

          Certaines phrases ont un curieux pouvoir : celui de nous pousser à accomplir exactement l'inverse de ce qu'elles nous enjoignent à faire.
         Par exemple, il y a la phrase "Eloignez-vous de la bordure du quai" : dès que la voix du haut-parleur fait cette annonce; ZAP !, tout le monde se colle à la bordure ! ça ne rate jamais !
        Il y a aussi : "Ne te retourne pas : on est suivis" qui marche très bien : l'autre se retourne sys-té-ma-ti-que-ment !
        Etrange, tout de même, l'esprit humain, non ? Vous en voyez d'autres ?

dimanche 26 mai 2013

Comme disait Oscar Wilde...

Quoi qu'en disent ses détracteurs, facebook n'a pas que des mauvais côtés. Par exemple, il m'a permis de découvrir cette magnifique citation d'Oscar Wilde, si riche en enseignements :

"Il faut toujours viser la lune, car même en cas d'échec, on atterrit dans les étoiles..."
 
A méditer...

jeudi 23 mai 2013

ça c'est de la définition !

En cherchant le sens du mot "heuristique" (qui possède différentes définitions en fonction des sciences concernées), je suis tombé sur ce texte magnifique :

"En optimisation combinatoire, en théorie des graphes, en théorie de la complexité des algorithmes et en intelligence artificielle, une heuristique est une méthode de calcul qui fournit rapidement (en temps polynomial) une solution réalisable, pas nécessairement optimale, pour un problème d'optimisation NP-difficile."

C'EST TOUT DE SUITE PLUS CLAIR, NON ?!!!

Un ami m'a dit : "il y a sûrement des gnes pour qui cela veut dire quelque chose."
J'ai répondu : "Oui, mais ces gens savent sûrement déjà ce que heuristique veut dire !"
Donc, voici un bel exemple d'inutilité absolue...

vendredi 26 avril 2013

Les miracles de la peinture, suite^^

Lors d'un voyage à Londres, j'ai eu la chance de tomber sur une exposition des peintres pré-raphaélites (l'un des mes courants picturaux préférés), où j'ai découvert (à côté des très célèbres William Morris et Edward Burne-Jones) plusieurs tableaux de William Hunt, dont The Lady of Shalott ci-dessous. L'illustration ne lui rend pas justice, hélas, mais cela donne toujours une idée de cette scène empreinte de féérie...
 
 
 

mercredi 24 avril 2013

Sous la plume de Daniel Pennac

On y trouve généralement de bien belles choses, sous la plume de Daniel Pennac : ce n'est pas un scoop. Mais là, tout de même, voici une magnifique citation que je me sens tenu de vous rapporter :

"...la vertu paradoxale de la lecture (...) est de nous abstraire du monde pour lui trouver un sens."

D. Pennac, "Comme un roman".

vendredi 19 avril 2013

Petite pensée incongrue

Je me demandais... au Portugal, quand quelqu'un danse jusqu'à la mort, peut-on parler de... fadomasochisme ?^^

mardi 9 avril 2013

Le marseillais de l'espaaaaaaace !

Comme je ne sais plus trop quoi vous raconter, j'ai décidé de vous narrer une anecdote de mon passé, en espérant qu'elle saura vous divertir. J'étais assis sur le parvis de la cathédrale Saint-Jean à Lyon, en compagnie de ma charmante amie Carine (en 1993 ou 1994, je dirais). Soudain, nous vîmes venir à nous un bien curieux personnage. Si sa démarche titubante pouvait être qualifiée de "chaloupée", son haleine évoquait pourtant plus les entrailles d'un supertanker échoué sur les plages de Bretagne qu'une embarcation légère...
La barrique à deux pattes se planta devant nous, mains sur les hanches, et se mit à nous débiter son histoire personnelle, comme si la chose méritait d'être entendue (ce qui était pourtant loin d'être le cas...).
"J'ai roulé touteu la nuit depuis Marseiiilleuuu...", commença-t-il d'un ton hésitant, les yeux chiasseux (chassieux, vous dites... ? Ben les deux, en fait !), avec un accent du Sud à bouter les Anglais hors de France. S'ensuivit (outre un nombre considérable d'anecdotes décousues et sans intérêt) la liste des alcools qu'il avait ingurgités avant, pendant et après son voyage, ce qui acheva de nous convaincre que, outre un piètre orateur, l'importun s'avérait être un parfait connard irresponsable.
Puis, il entama (bien malgré nous, qui ne savions pas comment nous sortir de ce mauvais pas) un discours plus merdique encore : "Moi, ce queu j'aimeu dans la vie, c'est les calibreu !", me dit-il (enfin je crois qu'il me parlait, dans la mesure où au moins l'un de ses yeux était pointé dans ma direction par intermittence). "Ouais, parfaiteument : moi, ce que j'aimeu, c'est faireu parler les calibreu !"
Ne sachant trop quoi répondre, je tentai : "Et ce n'est pas un peu limité comme dialogue ?"
Il loucha sur mon visage et se recula brusquement, comme si je venais de le frapper. Sa face avinée déformée par un effroi presque religieux, il me pointa du doigt (plus ou moins) et souffla : "Toi, tu es trop fort pour moi !", et s'en retourna brusquement à sa médiocrité quotidienne.
Carine et moi-même échangeâmes un regard. "T'as compris ce qui vient de se passer, là ?", demandai-je enfin après un long silence.
"Non."
Des années plus tard, il m'arrive encore de m'éveiller la nuit en hurlant, taraudé par cette unique question : qu'a-t-il bien pu comprendre ??? Quel sens oculte ma réplique bien innocente a-t-elle pu prendre à travers le voile de sa soulographie ? Mystère... 

vendredi 15 mars 2013

Sioux Later...

Oui, oui, je sais, ce blog est avant tout consacré aux aventures de Soren mais qu'y puis-je, moi, si les bonnes nouvelles viennent de mon roman numérique, hum ? Je ne vais quand même pas les garder pour moi pour si peu ! Les nouvelles sont que ce polar fantastique déjanté (publié en format kindle sur Amazon.fr) continue son ascension : le voici classé 4ème dans le top 100 littérature humoristique^^


Mieux encore : le voici qui fait son entrée dans le top 100 policiers-suspens !


Bon, il est dernier, d'accord, mais dernier des 100 premiers^^   542ème au classement général (sur 1,5 millions de références, il me semble) c'est déjà une belle performance ! Alors voilà, quoi : je tenais à vous en faire profiter !

mardi 26 février 2013

J'ai retrouvé hier cette phrase en triant des vieux papiers : il s'agit de l'une de ces P.I.I. (Particules d'Inspiration Inexplicables) qui me frappent parfois la tête et que je griffonne vite fait sur un post-it ou toute autre surface plane appropriée, pour retomber dessus 10 ans plus tard.
Bon, ça vaut ce que ça vaut, mais je vous la livre quand même :

 "La vraie différence entre un homme et un cochon, c'est qu'un cochon ne se transforme pas en homme si tu le fais picoler..."

Ce qui pourrait aussi être formulé comme suit :
 
"Un esprit sain dans un porcin."

mardi 19 février 2013

Un extrait de "Sioux Later" ?

Je viens de me rendre compte que, si je vous ai déjà parlé de ce roman fantastique déjanté en format kindle (également téléchargeable sur pc, androïd, iphone, etc., le tout à partir d'amazon.fr et pour une somme honteusement modique^^), je ne vous en ai jamais livré d'extrait : il était temps de réparer cette injustice !
Comme je ne savais pas quel passage vous montrer, j'ai fait défiler les pages au hasard et il en est sorti le voyage d'Avril et Scot vers un cimetière indien :
 
"Nous fîmes le reste du chemin en silence, ballottés au gré des accidents du terrain caillouteux. Nous montions continuellement vers des affleurements rocheux dont la masse anguleuse dominait les environs. La piste zigzaguait en une suite de lacets en épingle qui, peu à peu, nous élevaient au-dessus des plaines : il ne faisait pas bon s’endormir au volant, dans le coin, à moins de vouloir reprendre les recherches de Newton par la fin.
Je remarquai que de jeunes arbres avaient poussé dans certains virages, côté paroi, là où l’abri du vent avait favorisé leur croissance : marrant comme les plantes arrivent à pousser dans les endroits les plus hostiles, me dis-je.
Nous grimpâmes jusqu’au pied du promontoire, où l’on devinait de frêles structures de bois.
«C’est ça ? », m’étonnai-je. L’architecture des tombeaux était on ne peux plus décevante : cela tenait plus de l’échafaudage en bambou que du mausolée !
«Tu t’attendais à quoi ? », railla l’Indien, «Des pyramides ? » .
«Non, mais, sans aller jusque là, j’avais imaginé quelque chose d’un peu construit, je ne sais pas, moi, un truc solide ? » .
Avril haussa les épaules : «Nos dépouilles ne sont pas éternelles, à quoi servirait que nos tombes le soient ? »
«C’est pas faux… », convins-je.
Puis, Avril coupa droit au cœur des tombes. Je dois avouer que je ne le suivis qu’avec réticence : j’ai beau être terre à terre, je ne me sentais pas à l’aise dans cet endroit lugubre, à l’écart de la civilisation, surtout en compagnie d’un mec qui prétendait voir des spectres. Non que je crus un seul instant à ces histoires de revenants, mais là, dans cet environnement, je dois bien admettre que le champ des possibles me paraissait soudain plus étendu.
«Tu… tu en vois, là ? »
«Quoi ? », me demanda-t-il sans même se retourner.
«Ben, tu sais bien, des… »  : je n’osai dire le mot ici, comme si le simple fait d’en parler risquait de donner corps à ses divagations.
Avril se retourna : «Des fantômes ? »
«Oui, oui, voilà », convins-je en jetant des regards autour de nous.
Il fit de même et haussa les épaules : «Non : c’est dégagé. »
Nous reprîmes notre marche.
«Et c’est pas bizarre, ça, de voir des… d’en voir en ville et pas dans un cimetière ? »
«Ben, non, si tu y penses bien, c’est tout à fait normal »
«Ah ? »  : un jour, il faudrait qu’on parle du sens du mot «normal », tous les deux…
«Tu vois… », commença l’emplumé, « … c’est un peu comme dans un hôtel : les clients satisfaits, tu les vois jamais râler à l’accueil ! Y’a que les insomniaques qui hantent les couloirs ! »
Pas faux, là non plus…"

vendredi 8 février 2013

Les bizarreries du français...

Il est vrai que le français est un casse-tête inextricable pour les non-francophones qui tentent de s'initier à la langue des régicides... par exemple, allez donc expliquer à un étranger que dans la phrase : "les poules du couvent couvent", les deux derniers mots ont un sens différent... et, pire encore, qu'ils ne se prononcent pas de la même façon ! 
Pareil pour la pronciation de la terminaison "tient" : on dit "il retient" mais un "quotient"... il y a de quoi devenir anglais !
Ce qui m'amène à la phrase déjantée du jour, susceptible de faire fondre le cerveau de tout individu qui ne serait pas né avec une baguette sous le bras :

"Un nain compétent n'est pas un incompétent"

mercredi 6 février 2013

Lettres et le néant ?^^

Depuis quelques temps, j'éprouvais une curieuse impression de lassitude devant les livres auxquels je m'attaquais : pas moyen de dépasser les premières pages ! Je me suis d'abord remis en cause : que m'arrive-t-il ? Suis-je en train de devenir sénile ? L'expérience de l'écriture a-t-elle tué le lecteur que j'étais ?
Et puis j'ai pris en mains "le rêve de l'escalier", de Dino Buzzati, et la magie a opéré de nouveau ! En fait, la réponse était toute simple : ce qui me manquait dans les autres livres, c'était le talent :)
Merci, Dino.

vendredi 25 janvier 2013

La chaise maudite...

Tandis que ma femme et moi-même zappions allègrement de chaîne en chaîne, nous sommes tombés sur une émission traitant de faits paranormaux. L'on y voyait un homme qui disait s'être évanoui de terreur en voyant un rocking-chair se balancer tout seul d'avant en arrière. Devant mon hilarité, ma femme me demanda : "Tu ne trouves pas ça terrifiant ?"
Moi : "Un rocking-chair qui se balance d'avant en arrière ? Non, absolument pas : c'est même l'exacte fonction d'un rocking-chair, en fait ! En revanche, un rocking-chair qui se balancerait de gauche à droite, là, je trouverais ça vraiment inquiétant !"
Elle : "Mais et le fait qu'il bouge tout seul ?"
Moi : "Il n'y a que deux cas de figure : soit tu crois aux esprits, soit tu n'y crois pas. Dans le premier cas, tu penses qu'ils nous entourent en permanence : il n'y a donc aucune raison de s'effrayer de cette chaise qui bouge, puisque ce n'est que la manifestation de quelque chose que tu savais déjà. Dans le deuxième cas, étant donné que tu ne crois pas aux esprits, il est évident qu'il y a une explication rationnelle au mouvement du rocking-chair : il n'y a donc aucune raison de s'inquiéter, là non plus !"
Comme mon épouse n'avait toujours pas l'air convaincue, j'ajoutai : "De plus, même si l'univers est contre toi et que toutes les circonstances te sont défavorables, que peut-il te faire, dans le pire des cas ? Te rouler sur les orteils ? Non, parce que, hanté ou pas, ça reste un rocking-chair, ce qui limite tout de même notablement sa capacité de nuisance !"

jeudi 10 janvier 2013

Tout s'explique !

Hier soir, tandis que je parcourais la campagne mâconnaise, mes phares accrochèrent l'enseigne d'un boulanger, au centre de laquelle trônait, en lettres majuscules, la mention minimaliste mais pourtant furieusement explicite : "PAIN".
Et là, subitement, pour la première fois de ma vie, je réalisai que ces quatre lettres formaient également le mot anglais "pain", la douleur...
Etrange, pensai-je, comme nos catégories mentales sont étanches ! Bien que familier des deux mots, je ne les avais jamais associés auparavant...
Tout aussi subitement, je fus sidéré par l'idée suivante : mais que diable doivent penser les touristes anglophones dont les yeux incrédules se tournent avec angoisse vers ces panneaux qui promettent de la douleur en gros caractères, et ce dans tous les villages de France ?!
Et puis, en seconde analyse, je me frappai mentalement le front : voilà qui explique tout ! Voilà pourquoi le pain est dégueulasse dans les pays anglo-saxons : ils n'ont pas pigé le concept ! Ils ont cru qu'il fallait outrager les palais grand-bretons par ces pâtes molles et insipides que, faute d'un meilleur terme, on est bien forcé d'appeler du pain...