Pour vous donner une idée de la teneur des histoires que vous pourrez trouver dans mon dernier livre ("Angles morts : témoignages...", lequel est disponible sur Amazon ICI, en format papier et numérique), je vous livre un petit extrait :
Titre :
« Vous sentez ça ? »
Témoin :
direct
Nom :
F.B., rebaptisée Florence Bonvin
Type :
Transmission de pensées
Lieu :
Mâcon
Date :
2017
Les
faits : Après une journée de labeur et un repas bien
mérité, Florence, son mari et leur
fils se détendaient dans le salon, devant la télé : la soirée s’annonçait
paisible et frappée au sceau de la normalité.
Il n’en fut rien.
« Vous sentez ça ? », demanda Florence en humant l’air ostensiblement.
« Quoi donc ? », demanda son
mari.
« Cette odeur de brûlé ? »
Fils et mari
s’interrogèrent du regard et secouèrent négativement la tête. Comme elle
portait un foulard autour du cou, elle commença par incriminer la pièce de
tissu et s’empressa de l’ôter.
L’odeur persista
cependant, entêtante, omniprésente.
« Vous ne sentez vraiment pas ? »,
ne put-elle s’empêcher d’insister devant la prégnance de cette sensation,
« On dirait vraiment que quelque
chose brûle ! »
Devant la force de sa
conviction, les membres de sa famille entreprirent de vérifier les coins et
recoins de l’appartement, les plaques chauffantes, les radiateurs, les
appareils ménagers, en bref tout ce qui était susceptible de dégager une odeur
de chauffe mais en vain.
Bien qu’elle la sentît
toujours, Florence se rendit à
l’évidence : c’était dans sa tête. Faute d’une meilleure idée, elle tacha
de s’en accommoder et n’y pensa plus.
Du moins jusqu’au
lendemain. Car lorsque l’une de ses deux sœurs l’appela, Florence reçut un choc : leur autre sœur avait été grièvement brûlée. Celle-ci, serveuse à
Miribel, avait perdu l’équilibre en desservant une fondue bourguignonne et s’était
cruellement arrosée d’huile bouillante, se brûlant sévèrement à la main et aux
jambes.
Secouée, Florence, en dépit d’un esprit résolument
cartésien, ne put s’empêcher de faire le rapprochement avec son étrange
expérience de la veille.
« C’est arrivé quand ? »,
s’enquit-elle, tendue.
« Hier soir. »
Son cœur s’accéléra.
« Vers quelle heure environ ? »,
demanda-t-elle encore, craignant presque la réponse.
Mais sa sœur ne connaissait
pas les détails de l’histoire et ne put donc la renseigner précisément à ce
sujet. Elle lui apprit en revanche qu’elle avait été conduite immédiatement à
l’hôpital, puis transférée à Lyon, à l’hôpital Saint Luc, dont l’une des
spécialités est de traiter les grands brûlés.
Il lui fallut attendre
de pouvoir interroger directement la victime de l’accident pour apprendre que
ce dernier s’était produit à l’heure
exacte où Florence avait eu la
sensation que quelque chose était en
train de brûler…
* * *
La narratrice précise
qu’elle n’a pas d’explication à ce qui s’est passé ce soir-là. Comme c’est
souvent le cas pour les gens rationnels, elle est plus ennuyée qu’autre chose
par ce fait inexplicable.
Tout au plus se
borne-t-elle à ajouter : « Nous
avons toujours été très proches, ma sœur et moi. », en haussant
légèrement les épaules, comme pour s’amender de cet égarement dans les angles
morts de la rationalité.